Charles André

Ch. André & cie
PARIS X ème
56 rue de Paradis

Importateur des canoës Peterborough pour la France




Il semblerait que Charles André ait importé des canoês Peterborough à partir de 1901, importation précedemment réalisée par l'Agence des armes américaines, ou Agence des manufactures américaines, 54  Boulevard Haussmann Paris IX.

En 1927 des publicités mentionnent "canoës  canadiens de la Peterborough canoe compagnie Ltd, importés directement par A. Pioso et Ch André, agents dépositaires exclusifs", au 55 de la rue de Paradis.



voir cette pub dans le site d'origine : https://pubetcanotage.blogspot.com/search/label/canoe

Un Peterborough en  bois toilé de cette époque  porte une plaque A. Pioso et Ch André.




voir plus de photos de ce canoë sur le forum : https://canoebois.forumactif.org/t9-canoe-entoile-peterborough

En 1932, on retrouve "Ch. André et Cie" et il n'est plus fait mention d'exclusivité, voir cette publicité dans un message de Hans dans le sujet Peterborough, rubrique constructeurs canadiens.


Dans la rubrique on voit  plusieurs Peterborough importés par Charles André, comme celui-ci avec tout son équipement:

Charles André a-t-il importé d'autres canoës dans les années trente ? En-a-t-il vendu sous son nom ?


J'ai emprunté son nom à Charles André pour en faire mon pseudo dans notre forum du canoë bois car le premier canoë que j'ai acheté aux fins de collection (et non mon premier canoë ni ma première rénovation !) était un Charles André. C'était aussi ma première enchère internet et je m'étais laissé prendre au jeu...

J’ai acquis ce bateau en 2006 en Bourgogne. Il était très dégradé, étraves pourries masquées par du métal plié, pontets fendus, coque percée décapée au chalumeau et lazurée en rouge ... Ayant fait trop de km pour aller le chercher, je n'ai pourtant pas renoncé à mon enchère et suis reparti avec cette épave.
     

Depuis, je l'ai longuement remis en état et nous l'emmenons se promener, randonner au long des rivières. Il est agréable et rapide, un peu instable.

       


Je me suis beaucoup interrogé sur son origine :

Le vendeur m’avait donné les renseignements suivants : ce bateau avait été légué à son père par un de ses amis, un suisse qui l’avait commandé chez Charles André à Paris en 1955.
Ce suisse descendait des rivières alpines : le bateau était équipé d’attaches pour des cales cuisse et avait été réparé en plusieurs endroits très soigneusement en remplaçant des tronçons de lattes brisées.

Charles André était l’importateur des Peterborough, mais ce canoë ne porte aucune plaque ni décalco, ni gravure de n° de série. Il porte uniquement la plaque Charles André et un « C+A » pyrogravé dans la contrequille.

 

Le vendeur m’indique avoir reçu un message (pendant la vente) disant que  ce bateau était probablement un Lakefield.

Cherchant sur Internet des renseignements pour réparer mon canoe, je trouve effectivement de nombreux « vrais Lakefield » avec leur plaque d'identification, principalement au Canada et d'autres moins certains, souvent sans plaque, en vente en France, qui ressemblent dans tous les détails à mon bateau. Et « la Canoterie » m’envoie une photo du pontet d’un Lakefield authentique, très semblable aussi, jusqu’au pied de mat parfaitement identique.

Des "simili-Lakefield"
Dans « Plaisance de Loire », de Louis Pillon 2005, page 87, un constat pas précisément daté (dans les années 30? depuis les années 20 ? jusque dans les années 50 ?) nous dit ceci :
« les importateurs de canadiens propose des prix toujours plus bas : pour le prix de deux « français » vous pouvez vous offrir trois « canadiens » transport compris


Dans « Souvenirs d’un Piroguier » H. de La Tombelle, 1943, page 29, à propos d’une descente en groupe de la Dordogne en 1929 :

« Canoés admirables, des Chauvières, des PeterBorough, des similis aussi, des simili-Lakefield ; mais ensuite on tombait dans la flottille aux flancs mous du loueur de bateau de Castillon ; et c’est là ce qui m’inspirait d’atroces craintes. »



dans « The story of the Chestnut Canoe » Kenneth Sloway 1997, p22 et 25, renseignements sur Lakefield Canoe Company:

p 24 il est dit que Thomas Gordon serait l’inventeur du cedar strip ou shiplap (traduit par joint à lèvre ?). Mon canoe est effectivement construit ainsi, ce qui le rend parfaitement étanche. De même les bois (cèdre, chêne, frène et noyer blanc) semblent bien  être les mêmes.


La Lakefield Canoe Company est fondée en 1904 par la réunion de Gordon Canoe et Strikland Canoe Company
(voir aussi dans le forum le sujet "Lakefield" dans la rrubrique "constructeurs canadiens")


La société survit jusqu’en 1942 à 4 changements de propriétaires et de structure.
En 1942, les formes échappent à l’incendie du chantier

Une petite compagnie, Peel Marine obtient les formes de Gordon. Stuart Peel embauche un constructeur saisonnier de canoes bois, Walter Walker.
« actuellement (en 1997), Walter Walker à plus de 90 ans continue à construire les canoés Gordon pour Peel Marine »

Le site de Peel Marine propose toujours  (en 2005 !) un Cedar strip dont les lignes sont celles de mon Charles André :


Peel Marine

Etait-ce donc la Lakefield Canoe Company qui construisait pour Charles André des canoês que celui-ci vendait sous son nom ?
Si les bateaux se ressemblent beaucoup, on peut douter fortement qu’une compagnie à l’histoire tumultueuse (4 propriétaires de 1918 à 1938 ou 1942) ait pu exporter autant de bateaux.

Constatation curieuse, qui rappelle les propos de H. de La Tombelle : de nombreux canoés sont mis en vente sur internet en France sous le nom Lakefield et je n’ai vu qu’une seule fois la photo d’une plaque.

Il est dit sur le site Dragonfly où apparaît l’histoire la plus complète de la compagnie Lakefield  que ses bateaux comportaient tous très tôt une plaque numérotée. Le mien n’en comporte pas. Il porte une plaque Charles André à la proue et la quille est pyrogravée C+A côté poupe.  Ce C+A désigne –t-il Charles André où bien est-ce le constructeur ?  Sous les pontets, il y avait quelques inscriptions de montage en anglais au crayon, mais pas de plaque. Il est finalement improbable que ce soit un vrai Lakefield. D’ailleurs, en 1955, date supposée de vente de mon bateau par Charles André au canoéîste suisse, la compagnie Lakefield n’existait plus. Ou bien était-ce déjà un bateau d’occasion ?


Autre supposition : De nombreuses compagnies et sans doute  aussi des artisans sans attaches sont installés dans la ville de Lakefield. Les bateaux de ce type se ressemblent beaucoup (le cedar strip de lakefield ressemble de près à ceux de Chestnut ou de Peterborough), on peut supposer que pour baisser les prix (voir plus haut les propos de Louis Pillon) les importateurs aient pu varier les fournisseurs et qu’on ait pu appeler « Lakefield » en France indifféremment tous ces bateaux vendus sous la marque de l’importateur et qui venaient de Lakefield ?

Quelle ruine au départ, ton bateau ! Maintenant, il est superbe.
C'est vrai que sa la ligne fait penser aux Lakefield.