Coque de canoé en très mauvais état, besoin d'avis

Bonjour à tous,
Je suis en train de rénover un canoé Chauvière, et ce que je craignais le plus est en train d'arriver : après décapage, je me rends compte que beaucoup de lattes sont soit cassées, soit pourries, soit les deux...
Et ceci aussi bien au fond du canoé que sur les deux cotés...
J'avoue que je ne sais plus quoi faire.
Voici quelques photos de ce désastre










Sur les photos, on ne se rend pas vraiment compte de l'état, voici la proue



Ce qui m'inquiète moins car c'est au dessus de la ligne de flottaison.

Je ne sais pas changer les lattes, et il y en a vraiment beaucoup d'abimées.

Je commence à me demander si ça vaut le coup de continuer et d'investir pas mal de sous en mastic, vernis, s'il ne doit jamais pouvoir naviguer !
Pensez vous que cette coque est récupérable (sans changer le bois) ?

Je suis preneur de tous les conseils éclairés !!
Merci

Après un premier décapage, c'est toujours vilain. Peut être plus que d'habitude ? C'est vrai que le bois a l'air fatigué. Ce canoë a du beaucoup naviguer et ne pas être souvent revernis. ça ne sera jamais la rénovation parfaite, la bête de concours, mais pour naviguer, c'est parfois mieux ! On a beaucoup moins peur de l'abimer. Donc est ce que ça vaut le coup de continuer ? ça dépend de ton projet. Pour descendre des rivières, ça vaut la peine car ce canoë a une jolie silhouette. Et puis tu pourras en trouver un autre plus tard pour le prix de la plus belle restauration.
Mais comme écrivait Lujo, il faut tester l'état du bois, avec une pointe de couteau, ou même avec l'ongle. Si c'est mou partout, laisse tomber. Si la pourriture est ponctuelle, il faut enlever bien nettement, puis réparer .

Bonjour Charles André, merci de ta réponse.
Le prix de la restauration la plus réussie m'importe peu, ce qui compte pour moi, c'est de naviguer avec.
Comme tu peux le voir, bcp de lattes sont fendues dans le sens de la longueur au niveau du cloutage et d'autres sont cassées sur une bonne partie.
Comment les remplacer, vu qu'elles sont bouvetées entre elles, et ou trouver de nouvelles lattes ?
Sinon, crois tu qu'un masticage suffirait ?

Si tu ne comptes pas refaire ce bateau proche de son état d'origine, donc juste le réparer pour naviguer avec, tu peux tout à fait le faire, comme dit Ch-André. Ça te fera un coup d'essai. Si tu veux le refaire propre, le boulot est bien plus délicat. Je ne me lancerais pas dedans. Trop de boulot.

Pour une rénovation de fortune :
- Tu remplis les gerces (fissures) de mastic silicone brun et elles seront bouchées.
- Là où on voit à travers (1ère photo), il faut soit changer la latte, soit faire un ajout de bois de l'intérieur.
- Pour les lattes cassées à la proue, l'eau ne pénétrera pas, comme tu l'écris (au-dessus de la ligne de flottaison). Tu peux malgré tout, pour te faire la main, changer aussi ce bout de latte.

Ca te fera un bateau pas nickel certes, mais qui te promènera, comme tu le souhaites.

Encore une fois, je vais être vache, tant pis. Des dizaines de milliers de canoës ont été construits, il en reste sans doute des milliers. Un canoë pourri prendra à quelqu'un du temps et de l'argent, et une réparation sur merde au mastic ou autre durera peu. Pendant ce temps là un canoë encore sauvable ne trouvera pas de sauveteur, et deviendra lui aussi un canoë pourri. En ce qui me concerne un canoë foutu on récupère l'accastillage s'il y en a et on brûle, on trouve un canoë sain et on le restore, il durera de nombreuses années. Seule exception des bateaux exceptionnel par leur construction, ou leurs propriétaires ou exploits antérieurs. Quand vous tentez de refaire un canoë pourri sans espoir c'est autant de labeur qui n'ira pas sauver un autre qui le mérite, et vous causera moins de soucis, et demandera moins d'argent.

Beetlesound, ne le prends pas mal. C'est bon aussi d'entendre ce genre de discours. Mais quand on débute, ça fait mal.
Bon courage pour ton chantier.
Ca m'a troublé la première fois que j'ai lu cette opinion de Lujo. Mais j'ai fini par la partager. Il suffit de rénover un bateau en entier, et après on réfléchit avant de se lancer dans le 2è. C'est tellement de temps, de boulot, d'ingratitudes... avant le plaisir d'avoir fini.

OK, j'ai digéré...
Objectivement, je comprends le point de vue de Lujo, mais ça fait quand même râler... Trop de précipitation dans le choix du canoé...
Plutôt que de le brûler comme préconisé, n'est il pas possible selon vous, et en dernière instance, de le poncer comme il faut, remastiquer les fêlures et autres trous, éventuellement saturer le bois pour qu'il joue moins, et peindre l'extérieur de la coque avec une bonne peinture marine ? Cela ne suffirait-il pas à assurer une bonne étanchéité ?

Tu peux essayer, mais le mastic tient mal sur du bois pourri, donc il y a risque que le pourrissement s'étende et que le mastic ne tienne sur rien. Au moindre choc tu risques la voie d'eau. Il y a un produit chez Casto censé redurcir le bois pourri, je n'ai jamais essayé. Le problème que j'y voie c'est qu'on peut peut être durcir le pourri en l'imprégnant de je ne sais quoi mais on ne récupère pas les qualités mécaniques disparues...La peinture sur du pourri ça cache mais là aussi, ça ne tient pas. Une solution serait de gratter le pourri jusqu'au bois sain, reboucher à l'epoxy chargé et teinté, ensuite une stratification epoxy externe et une impregnation interne. Il faut enlever toutes les quilles d'échouage avant, ainsi que le liston, qui sera probablement détruit dans l'opération. Gros hic l'epoxy coûte environ 60 euros le kg, il en faudra pas mal, et au bout du compte avec beaucoup de boulot et de dépense le canoë flottera et sera relativement solide, quoique un peu alourdi, mais n'aura pas le bel aspect vernis dont on rêve tous. Sa valeur de revente sera très faible, sans aucun doute bien inférieure au prix de revient et aux efforts. On ne fait pas ça pour revendre, mais parfois on vend pour en acheter un autre, et c'est juste que les efforts soit récompensés. Je me rend compte que c'est décevant, mais j'ai appris à mes dépens, un Peterborough entoilé coupé en 5 est parti devant chez moi à l'enlèvement des monstres il y a bien des années. Après des mois d'effort je me suis rendu compte qu'il ne serai jamais revenu à un état proche de l'origine, trop pourri, et qu'avec le fric et le temps que j'avais mis dedans j'aurai pu en avoir un propre et être sur l'eau avec depuis des semaines. Je l'ai tronçonné et foutu dehors. Comme pour beaucoup d'autres canoës, il s'en était construit des dizaines de milliers, et il en restait assez pour que j'en trouve un bon, identique, avec un peu de patience.

Merci Lujo et Hans.
Je crois que je vais me rendre à l'évidence...
Je vais peut-être en faire une belle bibliothèque, sa seconde vie sera un meuble...
Et peut-être aussi me tourner vers l'auto construction, genre cousu-collé.

LE COIN LECTURE
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Trop fort Charles andré !!
Je t'enverrai des photos...

C'est vrai que ça rend bien.

Bravo Charles André. Le coin cosy esquissé est bien tentant.

Même si je regrette qu'une restauration n'aboutisse pas , c'est toujours triste.

Mais je respecte les choix de chacun.

Je souhaite à Beetlesound de trouver une prochaine fois, une belle coque à mettre à l'eau.

Pour les réparations désespérées, j'utilise un mélange de sciure fine et de colle polyuréthane monocomposant Internationale (beaucoup de sciure, le mélange fait une pâte assez ferme). En durcissant, le mélange gonfle et colle, il reste à raper, puis poncer et vernir. On peut reboucher de gros trous comme ça, voire refaçonner des pièces à la rape. Bien sûr, ça vaut si le bois n'est abîmé que localement. J'ai réparé ce canoë comme ça.
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Il était dans un état désespérant : toutes les pièces des deux extrémités complètement pourries sous un habillage métallique, la coque brulée par un décapage à la flamme, les listons tordus, plusieurs trous dans le bordage et d'anciennes réparations. Mais il était rigide, les membrures étaient saines et le bois, sauf les extrémités, était sain en profondeur. Maintenant il est parfaitement étanche et navigue bien. Je le préfère comme ça qu'en bibliothèque. Cependant si une coque est très abîmée partout, trop longue à réparer et trop fragile, mais encore belle, pourquoi ne pas en faire une bibliothèque, des fauteuils, un coffre, un berceau, une niche, une cabane comme faisaient les bretons avec les barques, ou bien une marquise au dessus de la porte d'entrée, un décor au plafond, ou même un baldaquin au dessus du lit ? Autrefois, au camp du TCF de l'Ardèche, il y avait un canoë - cabine téléphonique.

Merci Charles André pour ce retour d'expérience.
Ce canoë a réussi à gagner une nième vie. C'est certain qu'ils finiront tous mal, ou moins pis, détourné en élément décoratif, c'est toujours mieux .

Pour ces canoës en mauvais état, n'est-il pas possible de les entoiler avec de la toile coton ?

Ça doit alourdir un peu mais au moins se serait étanche.

Idée à laquelle je n'aurais pas pensée. Alors, les réponses... Ca s'est déjà fait ?

L'étanchéité n'est pas le seul problème, le bois pourri partira au moindre choc. Sur que ça flottera, au début, mais en le prenant au mauvais endroit, ou en cognant un peu sur un caillou, ou en le fixant sur le toit de la voiture, on finira nécessairement par appuyer sur un endroit pourri et le coton n'y changera rien, il n'ajoute strictement aucune résistance mécanique, et naviguer sur un bateau en partie pourri est dangereux. De plus, recouvrir de coton un canoe n'est pas si simple.
En gros cette approche est la version canoe de l'acharnement thérapeutique. Après à vous de voir, dépenser du fric et des efforts sur un canoe foutu pour en retarder la fin de quelques mois en navigant sur une épave en sursis, ou en trouver un qui vaille la peine d'être sauvé.

Un canoë destiné à être toilé n'est pas fait de la même façon qu'un tout bois. La mécanique structurelle n'est pas la même : il y a un bordage fin et large avec des membrures plates qui répondent de façon uniforme à la tension de la toile. Il n'y a pas de contre-quille, par contre la tension est reprise tout autour dans un plat bord très rigide. Sur un Chauvière tout bois, si le petit liston périphérique arrive à tenir le haut de la toile, la tension du coton brisera probablement les membrures en demi-rond, surtout si elles sont déjà fatiguées, à leur point de fragilité, au niveau de la quille.

Finalement pour conserver à tout prix un bateau pourri, une seule solution, faire appel à Arc-Nucleart.
http://www.arc-nucleart.fr/scripts/home/publigen/content/templates/show.asp?P=130&L=FR&ITEMID=2

Bonjour .Voilà mon bateau dans son jus avant rénovation .